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Photo du rédacteurJoanie Thibault

Vulgarisation scientifique : l’hypnose et le sommeil

Un article de Besedovsky, Cordi, Wißlicen, Martínez-Albert, Born & Rasch (2022)


Le sommeil est un aspect important de la vie quotidienne. Chaque nuit de sommeil est composée d’un cycle de quatre phases qui se répètent. Quand on s’endort, le sommeil s’approfondit graduellement, puis on remonte vers une phase de sommeil paradoxal (REM sleep). Un cycle dure en moyenne 90 minutes.

L’étude de Besedovsky et ses collègues (2022), réalisée en Allemagne, s’est concentrée sur la phase de sommeil lent profond (« slow wave sleep »). Plus précisément, les auteurs ont observé l’effet de suggestions hypnotiques sur le système endocrinien et le système nerveux autonome. Il s’agit d’une approche intéressante qui ne se concentre pas seulement sur l’expérience subjective du sommeil, mais plutôt sur ses mesures objectives.


Méthode

Les participants étaient 23 hommes en santé, disposant d’une suggestibilité modérée à élevée (mesuré avec le Harvard Group Scale of Hypnotic Susceptibility). Les participants répétaient deux conditions de sieste en après-midi (durée de 90 minutes), à au moins deux semaines d’intervalle :

  • Condition hypnose : une séance d’hypnose de 13 minutes, comprenant une induction et des suggestions métaphoriques (un poisson qui nage de plus en plus profondément dans l’océan) pour dormir plus profondément, était jouée aux participants.

  • Condition contrôle : un enregistrement d’un texte neutre (contenu d’une page Wikipédia sur les gisements minéraux) était lu à un rythme de lecture normal au début de la sieste.

On prenait des mesures des participants avec un électrocardiogramme et des mesures sanguines à intervalles rapprochés.


Résultats

Le résultat le plus significatif est l’augmentation de l’hormone de croissance sous la condition d’hypnose : une augmentation graduelle, jusqu’à 400% plus élevée que dans le groupe contrôle. Cette hormone joue notamment un rôle dans la réparation du corps (ex. après une activité physique intense).


De façon moins significative, on note aussi une augmentation de la prolactine et de l’aldostérone, deux hormones qui agissent aussi sur la phase de sommeil lent profond. Les auteurs n’ont pas noté de différence significative dans le niveau de cortisol, mais une différence non significative de l’adrénaline a été corrélée avec l’augmentation de la durée de sommeil lent profond (augmentation de 49% du temps passé dans le sommeil lent profond, comparativement au groupe contrôle). Il aurait fallu mesurer cette donnée plus fréquemment pour mieux en suivre l’évolution.


Parallèlement, les auteurs ont observé une diminution de la dominance du système nerveux sympathique (associé à l’état de stress). Dans l’ensemble, les suggestions hypnotiques ont dont induit des caractéristiques d’un sommeil lent profond.


Conclusions

Cette étude suggère que l’hypnose est intéressante à explorer comme outil pour avoir un sommeil plus réparateur. Bien entendu, cela ouvre sur plusieurs questions sur la généralisation des résultats, notamment auprès d’une clientèle avec des problèmes de santé (ex. douleur chronique, trouble de santé mentale) et auprès des personnes âgées (le sommeil change en vieillissant). On en retient que l’hypnose peut affecter le métabolisme, l’activité cardiovasculaire et l’immunité, des facteurs importants du sommeil lent profond.


Cordi et Rash, deux des auteurs de ce projet, avaient aussi collaboré sur des études similaires : une réalisée auprès de femmes et une étude sur une nuit de sommeil complète. D’autres études seront toutefois nécessaires pour en tirer des conclusions. 


 

Source : Besedovsky, L., Cordi, M., Wißlicen, L., Martínez-Albert, E., Born, J., & Rasch, B. (2022). Hypnotic enhancement of slow-wave sleep increases sleep-associated hormone secretion and reduces sympathetic predominance in healthy humans. Communications Biology5(1), 747. https://doi.org/10.1038/s42003-022-03643-y

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